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Limites de l’argumentation créationniste
Rappelons que le mouvement créationniste revêt de multiples formes, parfois incohérentes entre elles1) 2).
On peut les catégoriser ainsi :
Ce qui est important en cas d’échange avec un créationniste, car l'argumentation ne sera pas la même en fonction du degré d'acceptation des faits de ce dernier. On n'argumente pas contre un tenant de l’Intelligent Design (DI) de la même façon que contre un tenant de la terre plate.
A l'origine : l’incompréhension
Le créationnisme est d'abord quelqu’un qui ne comprend pas (ou ne veut pas comprendre) ce à quoi il s'oppose : Ils accumulent en général toutes les erreurs de la page Ce que n'est pas la théorie de l'évolution : (mythe du progrès, évolution linéaire, par chaînons distincts, confusion avec l’abiogenèse…). Les espèces sont pour lui parfaitement dissociables, un être vivant est un eucaryote, une macro-évolution une modification morphologique visible, etc…
Souvent cela va de pair avec un manque de culture scientifique de base, en utilisant des concepts qu’il ne maîtrise manifestement pas (entropie, caractère scientifique de l'évolution…), ce qui amène au point 4.
Parfois cela peut prendre vraiment un tout comique quand on nous cite des documents « évolutionnistes » comme “argument”, c–a-d que leur conception de l'évolution est si éloignée de la théorie (et de la réalité), qu'ils confondent parfois une explication de la théorie actuelle comme une preuve contre l'évolution. L’évolution du cheval est à ce titre un bon exemple, l’arbre évolutif complet est ainsi utilisé comme preuve d’un “mensonge”, à savoir le schéma simplifié (généralement présenté à l’école), qui n’est somme toute qu’une simplification, un version résumée, pas exacte au sens stricte, mais pas fausse pour autant (comme toute vulgarisation scientifique).
A ce stade, le créationniste ressemble à n’importe qui, ne comprenant pas une théorie scientifique, demande des explications. C’est le stade du « je pose juste la question », cher à tous les dénialistes3).
Ensuite, on reconnaître un vrai créationniste quand il va insister et passer sur une ou plusieurs des stratégies suivantes. Il va généralement illustrer à merveille l’effet Dunning-Kruger, en affirmant avoir “beaucoup étudié” l’évolution, avoir “tout compris”, alors qu’il sort des banalités qui montre qu'il n'a jamais ouvert un livre sérieux sur l'évolution de sa vie. Les affirmations sont tellement énormes qu'on ne sait même difficilement si la personne est sérieuse ou pas (loi de Poe).
Stratégie 1: contredire les faits
En général, l'anti-évolutionniste commence par affirmer que l’évolution n’est pas prouvée (on ne saura jamais où il a été cherché ça).
Quand on lui oppose toutes les preuves, il va en sélectionner une (la plus facile) et dire que ce n’est que suppositions (ex : espèces intermédiaires) ou que ça ne prouve rien.
En vertu de quoi ? Ça, vous le saurez jamais. Si vous maîtrisez un peu votre sujet, vu l’énormité de cette affirmation il va rapidement passer sur les stratégies suivantes.
Stratégie 2 : Changer de sujet
Suite relativement logique, il va dévier de l’évolution, pour s'attaquer à des sujets annexes, mais moins bien expliqués par la science. Le cas quasiment systématique est de passer sur l’abiogenèse (oui, mais l’évolution n’explique pas l’apparition de la vie !) (forcément, sur ce sujet, malgré des scénarios plausibles, on n'a pas encore reproduit entièrement le processus expérimentalement) et les arguments de complicité irréductible : bref, l’argument d’incrédulité.
Il peut aussi passer sur d'autres concepts scientifiques, pour se donner de la crédibilité : entropie, caractère scientifique de l'évolution… Ce qui est rigolo, puisque qu’en général, il est déjà passé par le stade précédent, où la science ne prouvait rien. Ainsi ce qui été taxé de “suppositions” ou “théories” (dans le sens hypothèse) deviennent d’un coup des vérités parfaitement acceptables et inattaquables dans les autres domaines.
Stratégie 3 : demander l’impossible
Il est courant de voir des anti-évolutionnistes réclamer des « preuves » qui seraient plus compatible avec une création qu’avec l’évolution (génération spontanée, fossiles intermédiaires avec membres/organes utiles que pour leurs descendants, singes qui se transforment en homme) ou utiliser des « preuves » de créationnistes qui sont en fait plus des preuves de l’évolution (« perfection de l’œil humain »). Un créationniste qui fait ces affirmations pense, semble t’-il, que l’évolution, c’est simplement remplacer une création divine par un hasard providentiel. Il ne comprend pas que ce sont d’autres processus, d’autres modes d’action qui sont à l’œuvre.
Un autre possibilité : il semble accepter vos preuves mais en demandes d’autres, dans une fuite en avant sans fin4).
Le cas courant est le fossile intermédiaire :
- si 2 espèces sont trop proches morphologiquement→ ça reste le même animal
- si elles sont trop différentes → il manque un intermédiaire
Évidemment, les espèces données seront toujours “trop” dans un sens ou dans l'autre. Et à chaque intermédiaire donné, on crée 2 nouveaux “lacunes” (YEC fossil defense).
Archopteryx ? Oui, mais on a pas le suivant (ou le précédent, au choix). Évidemment vu la rareté des fossiles, il tombera toujours sur un intermédiaire manquant. Quand il ne réclamera pas directement la lignée complète d’une espèce actuelle, depuis LUCA…
Autre cas, il va demander à voir « à nouveau » l’évolution : c’est l’argument de “la flaque de boue qui doit donner un protozoaire”, ou voir “un poisson devenir un lézard” (le tout en laboratoire, s’il vous plaît, sinon c’est pas de la science !)
Inutile de rappeler la demande de voir de notre vivant un phénomène qui se déroule sur des temps géologiques, est contradictoire (sans même prendre en compte le problème de la contingence) : ça revient à invalider une théorie car on ne voit pas un phénomène prédit comme quasi-impossible à observer en vertu de la dite théorie. On peut même encore plus résumer par « la théorie est fausse car elle est vraie. »
Stratégie 4 : caricaturer
Cette stratégie5) se base sur l’amplification/généralisation de certains faits ou déclarations, en sous-entendant que c’est un cas représentatif de l’étude scientifique :
- les fraudes réelles historiques (l'homme de Piltdown reste son préféré). Évidemment, l’idée étant de discréditer l’ensemble des fossiles du monde. On se rapproche du point 5.
- les preuves passées qui ont été reconsidérés à la lumière de nouvelle découvertes (certaines structures vestigiales). Exemple typique : l’appendice, vu qu’il était utilisé par Darwin et qu’il semble finalement ne pas être un organe vestigial6), justement.
- essayer de faire passer l’évolution comme une opinion et pas un fait, en utilisant notamment des citations de scientifiques, soit adeptes du DI (sans préciser qu’il reconnaissent l’évolution), soit de grands biologistes de l’évolution (Gould l'iconoclaste est apprécié) en les détournant Il va ainsi dire que certains biologistes sont “d’accord avec sa position”. Là aussi, si ces même personnes sont aussi de grands évolutionnistes (et donc qu’on est sensé reconnaitre l'autorité de gens qui se contredisent eux-mêmes) , peu importe, ça ne pose aucun problème à l’anti-évolutionniste.
- positions éthiques supposées : Accusation de promouvoir le racisme, l’eugénisme, l’antiaméricanisme (oui, ça existe7))…
- présenter des résultats scientifiques compatibles avec la création, comme l'Oeuf de poule, l'Ève mitochondriale, comme “preuves” contre l'évolution, alors qu'ils sont tout autant compatible avec celle-ci.
Cette position relève alors d’un manque de connaissance du fonctionnement de la science: - position morale qui n’est pas du tout le sujet, - débats scientifiques parfaitement courants et normaux, - découvertes nouvelles qui viennent apporter un nouvelle perspective, qui « bousculent » la théorie mais ans la remettre en question - possibilité de fraudes réelles, mais rares, anciennes et prises en compte.
Bien sûr, aucune de ces choses ne sont des preuves CONTRE l’évolution, mais l’idée est de semer le doute pour un lecteur externe, en insinuant des intentions cachées des scientifiques (et amène au point 6).
Stratégie 5 : le mensonge
Suite logique de la caricature : le mensonge. Là, on atteint un niveau extrême, où les volontés potentiellement cachés précédemment sont apparentes : Difficile en effet de considérer que la personne a pris ne serait que 5 minutes pour lire ce qu’était l’évolution (même s’il dira évidemment l’inverse) . Là on accuse directement les évolutionnistes de mensonge8).
A ce niveau, on va utiliser l’inversion accusatoire : Les faits ne sont plus contredit par des contre-exemple ou une mauvaise compréhension : les faits sont désormais utilisé pour dire l’inverse :
- On est plus dans le manque de fossile intermédiaire. On dit que les fossiles intermédiaires prouvent que l’évolution est fausse, quitte à inventer des faits (ex : on va affirmer que les fossiles du cheval ont été trouvé dans les mêmes strates géologique (ex : cheval). Alors que cette affirmation ne repose sur rien 9). Ces mensonges sont ensuite repris, re-repris ad nauseam et jamais corrigés (et parfois encore exagérés au fil du temps) 10)
- On va prendre des citations de scientifiques pour leur faire dire l’inverse de leur pensée (Gould). Quand on ne va pas carrément en inventer…
- Les mutations de l’ADN n’existent plus ou ne sont jamais utiles.
On oublie toute logique : peu importe si pour contredire, il faut accepter des preuves (le cheval, par exemple, pour l »invalider, il faut accepter les fossiles de chevaux ancestraux, pas très logique ….) Non, là, il Il n’y a plus d’argument, il n’y a même plus de thèse à défendre, on veut trouver des mensonges créationnistes, c’est tout..A ce stade Haekel et Piltdown vont arriver très vite. Inutile de préciser que rappeler que ça fait bien longtemps que Piltdown ne sert plus de preuve, s’il l’a jamais été un jour.
Évidemment, on prend quand même soin de ne pas y inclure les autres scientifiques (comme si il existait les évolutionnistes et les autres….). Et les rares scientifiques créationnistes deviennent des scientifiques « honnêtes ».
Stratégie 6 : le complotisme
Le complotisme et le créationnisme partagent le même mode de pensée11) 12), on retrouve souvent les mêmes biais de raisonnement. L'anti-évolutionnisme est ainsi présent chez tous les mouvements anti-science13)
Très souvent sous-entendue et rarement assumée tel quelle, l'affirmation complotiste se rencontre parfois14)
A ce stade, on oublie les preuves: la science est un outil du “système” pour contrôler les masses et détruire le religion (pas très efficace, soit dit en passant, mais c’est le propre du complotisme d'affirmer l'existence de complots aussi globaux et implacables qu'incompétents). Sans compter que dans le cas de l’évolution, on se demande bien l’intérêt d'un tel complot (obtenir des… subventions ?).
En général, cette position utilise les cas de Piltdown ou les dessins de Haekel : Attendu que ces « preuves » ne sont plus utilisés par les scientifiques (si tant est que ça été le cas un jour), et qu’elle elles n’ont aucun rapport avec l’évolution telle qu’elle est étayée actuellement, l’obnubilation des créationnistes n’a d’autre intérêt que d’insinuer un « complot évolutionniste ».
Le complotisme peut ainsi dériver (dans les cas extrêmes) en « complot athée », « complot de Satan15) ! », des illuminati… Elle peut aussi se présenter comme demander “pourquoi vous défendez autant l’évolution ?” (attaque complotiste classique, qui cherche à instiller une volonté “cachée” -et donc forcément malhonnête- à son contradicteur).
7. La stratégie de l’Intelligent Design
L’ID se présente comme une science, qui au lieu d’essayer de prouver l’évolution, essaierait de vérifier une hypothèse opposée, à savoir la conception par un être intelligent, plutôt que par des phénomènes naturels. Elle se présente donc en « simple » hypothèse scientifique « concurrente », reposant sur le scepticisme scientifique envers la théorie dominante. Ainsi elle affirme qu’elle reconnaît le transformisme des espèces, voire même leur origine commune. Mais que cette transformation est voulue et dirigée et que si un phénomène est impossible à expliquer avec les phénomènes évolutifs, il faut envisager un agent créateur (intelligent) extérieur. Donc elle reconnaît et accepte (de prime abord) les preuves scientifiques mais recherche des preuve de conception dans ce qui n’a pas (encore) d’explication naturelle. Les tenants de l’ID se positionnement donc comme simplement ouverts à d’autre possibilités, sans en rejeter une par principe.
Jusque là, on pourrait être d’accord. Sauf que dans les faits rien de tout cela n’est vrai.
L’ID comme science
Déjà cette théorie repose donc sur l’argument d’ignorance : si on ne sait l’expliquer, c’est Dieu. Il s’agit donc de partir de la conclusion l’hypothèse Dieu pour la prouver , ce qui est complètement opposé au scepticisme scientifique. Même en mettant de coté ce point, la méthode de l’ID ne valide aucun de principes de bases scientifiques, pourtant primordiaux d’après les créationnistes eux-mêmes (revendications sur la réfutabilité, l’expérimentation et les prédictions de la théorie de l’évolution).
l’ID est un mouvement pernicieux et particulièrement hypocrite :
- l’ID se dit opposé à une vision dogmatique, mais cherche à imposer du dogmatique en sciences.
- L’approche, les buts et la méthode sont anti scientifiques mais se réclament scientifiques.
- l’ID se présente comme non opposé à l’idée d’évolution mais pourtant la caricature souvent : quasiment tous les livres d’ID présentent l’évolution comme se déroulant par hasard ( voir la page Pas de buffet gratuit mais une boite de chocolat), ce qui n’est, et n’a jamais été l’opinion des scientifiques
- Les tenants de l'ID ne cherchent aucunement à étudier les phénomènes qui sous-tendent leur affirmations (souvent se contentent de présenter la biologie sous son jour le plus complexe pour alimenter l’argument d’incrédulité, quitte à en rajouter (voir cette page). C’est une position de fainéant, qui s’étonne mais ne cherche pas.
- Les tenants de l'ID n’hésitent pas à tromper des scientifiques pour « grossir » les rangs, quitte a avancer masqués.
- L'ID est sensé être non religieuse mais est directement issu des mouvement religieux du créationnisme. D’ailleurs leur thèse, même si elle était vérifiée, devrait tout autant s'appliquer à un concepteur alien qu'à un concepteur divin, mais cette hypothèse n’est jamais mise en avant.
- les tenants de l’ID se présentent comme non créationnistes pour éviter d’être associé à l’image (ternie) d’un mouvement anti-science (vu que le but est de se présenter comme scientifique). Or l’ID a été créer, entretenu, et est sont proches du mouvement créationniste classique (Mikael Behe, par exemple, après avoir énoncé dans son livre reconnaitre à l’évolution des espèces et la descendance commune, va par la suite, participer à un débat entre créationnistes et biologistes en soutenant la thèse créationniste16).
Même en acceptant tout ces limites, on pourrait accepter l’ID, pas en tant que science mais en tant qu’objectif de recherche mais à une condition primordiale : Abandonner cette théorie, dès que l’argument d’ignorance est invalidé par une découvertes scientifiques. Or c’est précisément ce que les tenants de l’ID ne le font jamais, et prouvent ainsi que que malgré leur atours « scientifiques » et « ouverts », il ne s’agit que d’artifices. Ainsi :
S'il était possible de démontrer que des systèmes biologiques tels que le flagelle bactérien, merveilleusement complexes, élégants et intégrés, auraient pu être formés par un processus darwinien progressif (qui, par définition, n'est pas télique), la conception intelligente serait alors réfutée au motif qu’on n'invoque pas des causes intelligentes quand des causes purement naturelles feront l'affaire. Dans ce cas, le rasoir d'Occam achève le design intelligent.
\\17)
Problème pour Dembski, c’est exactement le cas. Il est possible de démontrer que des systèmes biologiques tels que le flagelle bactérien auraient pu être formés par un processus darwinien progressif.
Pourtant aucun de ces partisans n’a abandonné ces positions. Dembski a d’ailleurs déjà confessé, que contrairement à ces écrits, RIEN, aucune preuve, ne pourrait le faire changer d’avis18). C’est hypocrite, c’est du fanatisme, et c‘est exactement le contraire de la science.
Autre exemple, Mikael Behe n‘hésite pas dans son livre La Boite Noire de Darwin affirme -à de nombreuses reprises- qu »’aucun modèle d'évolution biochimique progressive n'a été publié), affirmation contredite par d’autres biochimistes. Ce qui veut dire que ce biochimiste n’est aucunement au courant des recherches… en biochimie. C’est au mieux de incompétence, au pire un mensonge volontaire et répété.
Ces 2 personnes sont pourtant les « fers de lances » de l’ID…
Si le créationnisme est de l’anti-science (confinant jusqu’au conspirationnisme), l’ID est clairement de la pseudo-science : prendre ce qui nous arrange, laisser de coté tout le reste (et ça fait beaucoup), pour faire croire que la science valide notre hypothèse. Rien que les imperfections de la nature suffisent à éliminer cette théorie de l’ID.
Le mouvement ID est le créationnisme le proche des méthodes scientifiques, mais c’est surtout une façade, destiné à tromper les « modérés », les croyant qui acceptent la science et ses découvertes, en permettant de garder Dieu dans la place. C’est l’illustration parfaite du Dieu-bouche-trou.
Limites du créationnisme
D’une manière générale, il faut savoir que vous ne gagnerez JAMAIS un débat avec un créationniste 19) : en effet, il n’a aucune preuve à apporter (donc on ne peut le contredire) : sa position est simple : c’est magique.
Son seul argument sera de s’opposer aux preuves, mais jamais d’apporter une preuve contraire. La seule chose qui se “rapprochera” le plus d’un début de preuve sera un argument d’incrédulité (au mieux, un système qualifié de complexité irréductible, au pire, quelque chose de déjà expliqué, comme l’œil.)
La stratégie d’augmentation créationniste se base sur la loi de bandolini : pour un énorme mensonge asséné (ex : l’évolution n’est pas prouvée), le temps que vous citiez quelques preuves indéniables, il sera déjà passé à autre chose (abiogénèse….)
Comme dis précédemment, l'effet Dunning-Krueger joue également : on voit souvent un créationniste commencer par affirmer qu’il a beaucoup étudié le sujet (jusque là, on ne demande qu’à le croire), avant de nous asséner une contre-vérité prouvant qu'il n'a bien suivi les cours du lycée.
Il est révélateur que le créationnisme, malgré son importance, est incapable de fournir la moindre preuve CONTRE l’évolution : aucun fossile, aucun test génétique, aucune espèce (pourtant on se doute bien qu’ils doivent chercher et avec le nombre de scientifiques “honnêtes” qu’ils revendiquent ailleurs).
Il faut se rendre compte que si l’évolution était fausse (voir la chapitre Argumentation par l’absurde sur la page des preuves de l’évolution), de nombreux faits (même ceux accepté par la plupart des créationnistes) seraient faux : Les fossiles, les espèces actuelles seraient réparties de façon désordonnée, la nature serait sans défauts, les séquençages génétiques ne montreraient pas de filiation au niveau des mutations, etc…
C’est ainsi la meilleure preuve de l’évolution : même ces adversaires n’ont aucun FAIT à lui opposer. Si l’évolution était fausse, on aurait des milliers de preuves qui la contrediraient. Plus que ce que dis le créationniste, ce sont surtout « les trous » dans son argumentation qui sont le plus important.
L’utilisation massive de cas de Piltdown et Haekel est également révélateur : Ils sont tellement répété ad nauseaum, qu’ils deviennent presque une preuve en soi d’honnêteté des scientifiques : en effet, quels autres cas peut-on citer ? S’ils étaient symptomatique d'une fraude généralisée, on connaîtraient des dizaines, des centaines de cas similaires. Et certainement des cas bien plus récents : on en est réduit à se baser sur des fraudes qui remontent à plus de 100 ans !
En bref, la question à poser, si vous « doutez » de l’évolution, c’est :
- Qui se base sur des preuves ?
- Qui fait des découvertes qui valide sa position ?
- Qui reconnaît et tient compte des erreurs passés ?
Et la réponse est la science. Et certainement pas le créationnisme. Piltdown a été abandonné(si n’a jamais été utilisé), les mensonges sur l’évolution du cheval continuent d’être utilisés.
Sur l’utilisation de la science
On l’a vu, la science est considérée comme parfois complètement irréfutable, parfois complètement fausse. Le meilleur exemple est celui de Adam et Ève, puisque les mêmes techniques qui “semblent” donner raison aux créationnistes (de loin), vont aussi prouver l’ascendance commune humains/singes.
La solution est donc de déclarer l’évolution comme ne respectant pas les principes de scientificité : Le corollaire, c’est de traiter l’évolution comme un dogme.
Cela amène à 2 remarques : 1) ça reconnaît qu’un dogme, une foi, ne se base pas sur les preuves, donc affaiblit leur propre position. 2) si la théorie de l'évolution ne serait pas scientifique et que c’était un problème… pourquoi promouvoir une explication, qui est, elle, TOTALEMENT anti-scientifique ?
Un créationniste cohérent devrait dire “peu importe la science et les preuves”. Il a la foi et ça devrait lui suffire comme argumentation. Au lieu de ça, on se retrouve devant un discours ubuesque qui parfois se résume à “la science se trompe, c'est scientifiquement prouvé”. La seule explication pour ce genre de comportement est que le créationniste est forcément conscient (du moins en partie) de la faiblesse de sa position et doit pour contrer la dissonance cognitive, affaiblir la position adverse, même superficiellement.
Conséquences sur la religion
1. Une question qui se pose alors : Le créationnisme est-il le signe d'un manque de foi ?
En effet, s’il a besoin de preuves pour justifier sa foi, n’est-ce pas parce qu’elle n’est pas assez grande ? La foi peut se définir par une adhésion profonde de l'esprit et du cœur. Si un croyant doit avoir des preuves pour croire en un dieu, on peut difficilement parler d'adhésion profonde…
2. Et si Dieu existe ? Alors Dieu a soit créé l'évolution, soit a créé les conditions de son apparition. Ce qui veut dire que le créationniste, qui croit défendre la religion, est de facto en plein blasphème, en niant ce qui est sans doute sa plus grand oeuvre.
3. Le créationnisme… est un argument pour l’athéisme. En effet, le créationniste, par ses incompréhensions (ou pire par ses mensonges) ne fait qu'affirmer, que revendiquer, que sa foi est basé sur l’ignorance. Pas sur la confiance ou sur la beauté du message transmis. Un créationniste, argumentant devant un athée ne fait que lui dire “tu as raison de douter, moi aussi je doute et j'ai besoin de preuves (fausses) pour y croire”.
(BLUEPRINTS - Solving the Mystery of Evolution by Eddey and Johanson - page 291).
Pages annexes
- La «menace» du créationnisme - Isaac Asimov, 1981
Voir aussi
- What is Creationism?, Mark Isaak, 2002
- La Résistance Au Darwinisme : Croyances et Raisonnements, Gérald Bronner, Revue française de sociologie, 2007/3 Vol. 48 | pages 587 à 607
- Les anti-évolutionnistes, futura-sciences.com
- Scepticisme et théorie de l'évolution, danslestesticulesdedarwin.blogspot.com, 2014
- Leçon 2 : Créationnisme 101, Association Humaniste du Québec
- Les arguments fallacieux des opposants à la théorie de l’évolution, Dossier – Evolution vs créationnisme 2/3 – podcastscience.fm, 2011
Livres
- Les sciences face aux créationnismes - Ré-expliciter le contrat méthodologique des chercheursGuillaume Lecointre, ISBN : 2759227677, Éditions Quæ, 2018
- L’ironie de l’évolution, Thomas C. Durand, Éditions du Seuil, février 2018, ISBN : 2021311651
Références
Extraits : “A l’instar de certains pouvoirs totalitaires, il a mis en place un ensemble de garde-fous qui lui assure le contrôle de l’opinion publique et la main-mise sur l’activité des intellectuels. (…) le darwinisme est omniprésent et son pouvoir de plus en plus despotique”.