on_n_a_pas_retrouve_le_chainon_manquant

Cet argument est un cas particulier de l’affirmation du manque de fossile transitionnel, souvent associée avec l’idée (plus ou moins assumée) que si l’évolution est valable pour les animaux ou les plantes, elle ne le serait pas pour l’homme.

Utiliser l’expression chaînon manquant est déjà la preuve d’une mauvaise compréhension des processus évolutifs.

1. Il n’existe pas de chaînon manquant. Car il n’y a pas de chaînon. Cette idée se base sur 2 mythes de l’évolution :

  • le mythe du progrès,
  • le mythe linéaire.

Et se basent sur la (fameuse mais fausse) image de la « marche vers le progrès » :

Avec une évolution parfaitement régulière, tendant forcément vers une complexité inexorable.

L’évolution humaine, comme celles des autres êtres vivants ressemble à un arbre buissonnant, qui part (un peu) dans tous les sens. Ainsi, on ne retrouvera jamais un être parfaitement 50 % singe moderne, 50% humain. Les fossiles que nous retrouveront ressembleront peu ou prou à ce qui a déjà été retrouvé (voir point 3): des êtres possédant des caractéristiques communes aux grands singes, plutôt qu’un mélange de caractéristiques actuelles humaines/singes.


2. De plus, rappelons que les fossiles permettent de vérifier des chemins évolutifs possibles, avec des proximités morphologiques, mais pas de certifier une généalogie (d’où la réalisation d’arbres phylogéniques). Même si on découvre un squelette complet de l’ancêtre commun homme/chimpanzé, on ne pourra le prouver de façon certaine.


3. De très nombreux fossiles de pré-humains on été retrouvé et permettent de reconstituer en partie notre histoire évolutive : Arbre généalogique des hominidés

Ils sont mêmes tellement nombreux et proches entre eux que déterminer les « limites » de chaque espèce est un travail de spécialiste, incroyablement complexe. On découvre quasiment un nouvelle espèce tous les mois1).


4. On peut rappeler, pour briser le mythe du chaînon manquant, que les chimpanzés sont plus proches des humains que des autres singes (à l'exception des bonobos) 2). C’est à dire que l’ancêtre commun homme/chimpanzé est plus récent que homme/gorille par exemple. Il n'y a donc pas un intermédiaire homme/singe, mais (au moins) un intermédiaire homme/chimpanzé, qui lui même a (au moins) un intermédiaire avec les autres singes…


5. Curieusement, cet argument reconnaît implicitement une ascendance d’Homo sapiens depuis d’autres pré-humains. Il consiste donc moins à s’opposer à l’évolution (y compris chez l’homme), qu’à nier une ascendance commune avec les signes modernes.


1)
Homo : une famille de plus en plus compliquée, Par Émilie Rauscher, science-et-vie.com, 2019
2)
Les grands singes, hominidés.com
  • Dernière modification : 2021/10/23 20:30
  • de kawekaweau