l_intelligent_design_est_scientifique

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La théorie du « intelligent design » est scientifique.1) 2)

L’Intelligent Design n’est qu’un argument d’incrédulité, contraire aux buts et aux méthodes scientifiques (ni définissable, ni testable. Et souvent ne contradiction avec les faits).

Devant l’évidence et la profusion de preuves de l’évolution, un mouvement s’est crée dans les années 90, qui consiste à reconnaître une intervention d’un créateur dans les mécanismes de base de la création de la vie et de biochimie, considéré par ses promoteurs comme trop complexes (irréductiblement complexe). C’est l’« Intelligent Design » en version originale, ID ou « conception intelligente ».

Stricto-sensu, l'ID ne nie pas l’évolution, ni ses preuves, mais il nie l’abiogenèse ou l’idée que la sélection naturelle expliquerait toute l’évolution (une sorte de darwinisme « strict »).

1. Il faut préciser que, comme les créationnistes, les tenants de l’ID se contentent de sélectionner des processus que la sélection naturelle a du mal a expliquer, comme si celle-ci devait TOUT expliquer. Ils oublient souvent que même Darwin ne supposait pas cela (le Darwinisme tel qu’utilisé par les anti-évolutionnistes n’est pas la pensée de Darwin, comme le Lamarckisme n’est pas le reflet exact de la pensée de Lamarck 3). La « critique » de l’évolution porte donc déjà sur une version caricaturée de la théorie.

2. La méthode scientifique repose déjà sur un scepticisme initial : On ne peut partir de la conclusion. Or il paraît évident que c’est ici l’inverse : on est convaincu de l’existence d’un dieu, donc on recherche ses interventions possibles, parmi les phénomènes non élucidé par la science.

3. L’argumentation se base uniquement sur une accumulation d’arguments d’incrédulité. Les preuves scientifiques sont acceptés, mais tout ce qui n’est pas découvert devient un phénomène forcement inexplicable et donc non naturel. C’est l’illustration parfaite du « Dieu des lacunes ».

L’argument d’incrédulité ne peut être un principe scientifique. C’est même la négation de la science, puisque ça revient à dire qu’on n’expliquera jamais un phénomène qu’on explique pas. Et se contenter d’un « c’est magique. », commode, passe partout, non prouvable, non vérifiable, non prédictif. La science sert exactement à aller à contre-courant cette idée (d’où ses rapports conflictuels avec les religions). Et elle a souvent réussi.

4. De plus, les découvertes qui contredisent cet argument d’incrédulité sont passés sous silence. Les nombreuses progrès sur l’abiogenèse sont ignorés. Dans la préface de l’édition française de la « Boite Noire de Darwin », on peut lire « Pratiquement personne n’a tenté de rendre compte de l’origine de système biomoléculaire complexe et pas le moindre progrès n’a été réalisé en la matière »(p 14). De la même façon, les processus sont présentés dans leurs version actuelles, évidemment les plus complexes. Mais personne n’affirme qu’ils sont apparus tel quel.

Le flagelle de la bactérie paraissait incroyablement complexe, mais on peut l’expliquer à travers des systèmes évolutif.

5. La conception intelligente est subjective. Les toiles d'araignées répondent apparemment aux normes de complexité évoqués, mais que cela implique t’il ? Que le concepteur des araignées est intelligent ? ou que les araignées elle-mêmes sont intelligentes ?

De plus, aucune définition du concepteur n’est donné. On se doute qu’il s’agit d’un Dieu, mais ce n’est jamais dis. Pourquoi pas une licorne, un magicien ? Ou des extraterrestres ? Certains l’affirment en tout cas 4). S’il s’agissait d’une argumentation scientifique, on pourrait 1) savoir de qui il s’agit et 2) on pourrait le tester. Chose bien évidemment impossible ici.

On peut aussi retourner l’argument, pour bien en saisir les limites : on peut tout aussi bien affirmer que l’évolution est naturelle, sans apporter aucune explication. Est-ce que ça convaincrait quelqu’un ? Certainement pas.

6. Le mouvement de l’ID n'est pas destiné à être scientifique. Phillip Johnson, le fer de lance et le leader du mouvement, a dit et répété qu’il s’agissait de religion et de philosophie, et non de science 5). Le Centre for science and Culture ne se cache pas6) que son but était de :
 “remplacer la science matérialiste par une science compatible avec des convictions théistes et chrétiennes”
“Design theory promises to reverse the stifling dominance of the materialist worldview, and to replace it with a science consonant with Christian and theistic convictions.”

Le mouvement ressemble plus à une tentative de ramener un dieu dans l’équation, sans chercher à contredire des preuves innombrables et vérifiables, au risque de perdre toute crédibilité. A ce propos, les créationnistes « classiques » justifient souvent leur positions grâce aux affirmations de l’ID sans être le moins du monde gêné par l’acceptation de ces dernier de l’évolution.

  • Méconnaissance de la méthodologie scientifique

1)
Dembski, William A., 1998. The Design Inference. Cambridge University Press.
2)
La boite noire de Darwin, Michael J. Behe, Éditeur : Presses de la Renaissance (03/09/2009)
3)
Le pouce du panda, Stephen Jay Gould, Éditeur : Le Livre de Poche
5)
Belz, Joel. 1996. Witnesses for the prosecution. World Magazine 11(28): 18. http://www.leaderu.com/pjohnson/world2.html
6)
The Wedge (PDF). Seattle: Center for the Renewal of Science and Culture. 1999. Retrieved 2014-05-31
  • Dernière modification : 2019/09/29 13:15
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