l_evolution_predit_un_continuum_d_organismes_et_non_des_types_distincts

Puisque l'évolution dit que les organismes sont issus d'un ancêtre commun et qu'ils vivaient dans une continuité d'environnements, nous devrions voir un continuum d'organismes. Il devrait y avoir une série continue d'animaux entre les chats et les chiens, de sorte que l'on ne puisse pas dire où les chats sont partis et où les chiens ont commencé.1)

1. L'affirmation pourrait être vraie s'il n'y avait pas d'extinction. Mais comme la plupart des espèces ont disparues, les intermédiaires qui existaient auparavant n'existent plus aujourd'hui. Comme l'extinction est une voie à sens unique, les espèces ne peuvent que devenir moins liées les unes aux autres avec le temps. C’est clair si nous examinons le registre fossile, dans lequel il est beaucoup plus difficile de distinguer les premiers membres de groupes distincts. C’est d’ailleurs pourquoi la paléontologie est une des disciplines « reines » de l’évolution.

Soit dit en passant, l’exemple est particulièrement mal choisi : les chiens et les chats ne descendant pas d’un ancêtre commun direct, même si tous les intermédiaires ayant existé étaient vivants de nos jours, on n’aurait évidemment pas un “continuum” entre eux : on aurait un intermédiaire entre tous les félins, un intermédiaire entre tous les canidés, un intermédiaire entre les différents carnivores. Pas plus qu'on n'aurait un “continuum” entre l'homme et les chiens, ou entre l'homme et les plantes, pour donner d'autres exemples. L’utilisation des chiens et des chats, dénote soit d’une incompréhension complète de l’évolution, soit une volonté de caricature manifeste (comme souvent avec les affirmations créationnistes.

2. Les environnements (et les niches écologiques) ne sont pas vraiment aussi continus que l’affirme l’affirmation. Les chiens abattent leurs proies au moyen de longues poursuites et les chats tendent une embuscade à leurs proies; les chiens sont conçus pour la course à pied longue distance et les chats pour les sprints courts avec une accélération élevée dès le départ arrêté. Ces exigences sont très différentes et il est difficile d’atteindre les deux dans un seul organisme. Les compromis entre les deux présentent des inconvénients par rapport aux spécialistes des deux types, et la sélection naturelle les élimine. Les intermédiaires ne sont compétitifs que tant que les spécialistes sont absents; ainsi, lorsque les spécialistes évoluent, les intermédiaires risquent de disparaître.

3. La distinction des groupes est, en partie, une illusion provoquée par notre choix des groupes auxquels donner des noms ou pas. Les groupes dont les frontières ne sont pas claires tendent à ne pas avoir des noms séparés, ou les groupes dans lesquels existent des formes intermédiaires sont coupés en deux de manière souvent arbitraire (particulièrement évident si les formes fossiles sont considérées; par exemple, la ligne entre dinosaures et oiseaux est arbitraire, de plus en plus à mesure que de nouveaux fossiles sont découverts).

4. Il existe en effet plusieurs cas de continua dans la nature. Dans de nombreux groupes, tels que certaines herbes et les cicadelles, il est très difficile de distinguer les espèces. Au moins dix pour cent2) des espèces d'oiseaux sont suffisamment similaires à une autre espèce pour produire des hybrides fertiles. Les continuas les plus évidents sont appelés espèces en anneau (ou variation clinale), car dans le cas classique (le complexe du goéland argenté), ils forment un anneau autour du pôle Nord. Si nous commençons en Europe occidentale et si nous nous déplaçons vers l'ouest, des populations similaires, capables de se métisser, se succèdent géographiquement. Lorsque nous avons fait le tour du monde et atteint l'Europe occidentale, la population finale est suffisamment différente pour que nous la considérions comme une espèce distincte, et elle est incapable de se croiser avec les goélands argentés, même si elles sont reliés par une chaîne continue de populations métissées. C'est un gros problème pour les créationnistes. Nous nous attendons à ce que les types soient faciles à déterminer s’ils ont été créés séparément, mais il n’y a pas de division évidente :

« Ceux qui prétendent que la plus grande partie de nos espèces sont nettement délimitées, et que les espèces douteuses se trouvent en petite minorité, se trompent certainement. Cela semble vrai aussi longtemps qu’un genre est imparfaitement connu, et que l’on décrit ses espèces d’après quelques spécimens provisoires, si je peux m’exprimer ainsi. À mesure qu’on connaît mieux un genre, on découvre des formes intermédiaires et les doutes augmentent quant aux limites spécifiques. » (de Candolle, cité par Darwin, dans De l'Origine des espèces)3)
  • Méconnaissance de la théorie
  • Sophisme de l’homme de paille (caricature)
  • Hazard, Evan B. 1998. Teaching about “intermediate forms.” The American Biology Teacher 60(5): 359-361.

1)
Morris, Henry M. 1985. Scientific Creationism. Green Forest, AR: Master Books, pp. 70-71.
2)
Weiner, Jonathan, 1994. The Beak of the Finch: a story of evolution in our time. New York: Knopf. , 198-199
3)
Darwin, C., De l'Origine des espèces, 6e Edition, traducteur: Edmond Barbier, 1896, chap. 2), disponible sur http://www.ebooksgratuits.com
  • Dernière modification : 2019/09/25 19:04
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